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Introduction
Chapitre 1
  L'acoustique de la clarinette
Chapitre 2
  Le mécanisme de production
du multiphonique.
Chapitre 3
  Les détimbrés, les micro-intervalles et les 1/4 de tons.
Chapitre 4
  Les multiphoniques.
Annexe
Bibliographie
Tableau 1
Tableau 2
Tableau 3
Tableau 4

 

§1.1 LES DÉTIMBRÉS À LA CLARINETTE

 La clarinette Sib servira de base d'étude, pour ensuite étendre les résultats aux autres types d'instruments et les comparer.

Comme nous l'avons présenté dans notre introduction, un détimbré (ou son "écho") s'obtient soit par une baisse considérable de la dynamique et une altération du timbre dues à un équilibrage particulier de la colonne d'air, soit à l'aide de la poussée physiasmique et de la technique de vocalisation, soit par un doigté spécifique, comme le multiphonique ou le ¼ de ton. Mais tous les registres de la clarinette n'y réagissent pas avec un égal bonheur.

Nous verrons aussi qu'un bon nombre de doigtés de détimbrés peut servir de base aux multiphoniques.

 §1.2 LE CHALUMEAU ET LE MÉDIUM

 Exemple n°12 :

 

 

Si l'on compare aux doigtés originaux :

 

 

On constate la profonde différence créée par l'utilisation des doigtés à structure complexe qui provoquent une perte de la dynamique et une altération du timbre. Il est certain que le  recours à cette technique ne permet pas une grande vitesse d'exécution.

Les notes correspondants au corps du bas n'ont pas d'équivalent détimbré juste du fait du clétage et de la zone réduite de son "chuchoté" (Cf. Chapitre II, Acoustique, §2.3).

En dessous du Do(Ré 3) il est possible de créer des doigtés complexes, mais la hauteur s'en trouve altérée sensiblement. On les utilisera pour obtenir des micro-intervalles.

Pour créer un doigté de détimbré dans ce registre il suffit donc de partir du doigté d'une note supérieure (d'au moins un demi-ton de la note désirée) qu'on assombrit en bouchant les trous de l'instrument dans la zone de son chuchoté.

Au contraire les doigtés de timbre ou de justesse ont pour base les doigtés traditionnels (Cf. Sib médium, Fa # médium, etc...).

§1.3 TABLEAU DES DOIGTÉS DE DÉTIMBRÉS DU CHALUMEAU

 Ce tableau n'est pas exhaustif dans la mesure où il est possible de créer plusieurs doigtés pour une même note sur le même principe en fonction du timbre et de la justesse qui peuvent varier d'une clarinette à l'autre, d'une marque à l'autre, etc...

Exemple n°13 :

 

 


 

 

 



§2 DOIGTÉS DE TIMBRE ET DE JUSTESSE DU MÉDIUM

Les doigtés de timbre ou de justesse présentent une action sur la zone de son "chuchoté" très éloignée du doigté de base, créant une surface de dépression très importante correspondante aux cheminées laissées ouvertes. En conséquence, ces doigtés sont, pour la  plupart, impropres à la création de multiphoniques stables. Le nombres de doigtés de  correction est très important, le moindre changement (+ ou - un doigt) créant une variation "micrométrique" de la justesse et du spectre. Leur application permet de pallier les défauts, aussi minimes soient ils, inhérents à l'instrument.

Exemple n°14 :

 

 


(*) (*)

(*) : Variations du timbre

Bien qu'utilisant le système des doigtés à structure complexe, leur application est bien différente de celle des doigtés de détimbré qui, par leurs caractères, sont plus proches des  doigtés de micro-intervalles.

Par contre, de l'action éloignée sur la zone de son "chuchoté" on peut déduire les  règles du mode de jeu des bisbigliandi qui consiste en des micro-trilles opérant davantage sur la couleur et le spectre d'une note que sur sa hauteur. Cette technique peut s'étendre à tous les registres évidemment.

Exemple n°15 :

 


§3.1 LE REGISTRE DU CLAIRON

Les doigtés utilisés pour le chalumeau et le médium n'ont pas de correspondance dans le clairon, du fait de la couleur particulière du 1er rang d'harmoniques impaires (le quintoiement). Il existe cependant quelques doigtés de substitution basés sur le même principe de structure complexe.

Exemple n°16 :

 

 §3.2 LE SURAIGU

Faisant appel aux harmoniques impaires des rangs supérieurs, le suraigu possède déjà à l'état naturel tout un lot de doigtés de structure complexe pour rechercher la justesse et dans le nombre certains permettent une émission de faible intensité, mais sans avoir le même caractère que les détimbrés du chalumeau.

En résumé, seul le chalumeau et le médium permettent d'user de doigtés spécifiques de détimbrés. Les autres registres (clairon et suraigu), sauf exception, n'obtiennent le même effet, sans altérer la justesse, qu'en combinant le souffle et l'embouchure sur des doigtés traditionnels.

Ces doigtés de chalumeau détimbrés correspondent aux bases de manipulation des sons multiples tout comme les doigtés de micro-intervalles.


§4 LES MICRO-INTERVALLES ET LES ¼ DE TON

On peut créer assez facilement une échelle de ¼ de ton sur l'ensemble de la tessiture, tous les registres de la clarinette sont opérationnels et la correspondance traditionnelle subsiste entre le chalumeau, le médium et la clairon. Mais il faut tenir compte de la facture de l'instrument qui impose quelques contraintes et ne permet pas, dans ce cas, une grande virtuosité. La technique de production des micro-intervalles (variation de hauteur inférieure au ¼ ) étant une variation combinatoire de la technique des ¼ de tons, en conséquence nous ne  parlerons globalement que de technique de micro-intervalles.

Les micro-intervalles nécessitent l'utilisation de doigtés à structure complexe comparables à ceux des détimbrés. Mais les limites d'utilisations sont cette fois seulement du domaine de la facture, du clétage. Dans les zones où les doigtés complexes sont inopérants (Cf. le clétage de l'extrémité grave de l'instrument) le musicien doit utiliser des subterfuges (variation de la pince à l'embouchure, utilisation des genoux pour boucher à moitié les quatre derniers trous, etc...) qui ne garantissent ni la précision ni la justesse.

De toute façon, le recours aux structures complexes digitales entraîne, s'il n'est ponctuel, une perte de vitesse d'exécution et de virtuosité.

Raison pour laquelle Richard STEIN se fit construire une clarinette en ¼ de ton par  un facteur tchèque V. KOHLERT SOHNE GRASUTZ et dont Ivan WYSCHNEGRADSKY détenait un exemplaire (Cf. J.E. MARIE - "L'homme musical" - p.47- Ed. Arthaud-1976).

La zone de son "chuchoté" est le domaine d'application des structures complexes qui produisent une altération importante du timbre dans le cas du détimbré, du fait que la note de  départ est distante d'au moins un demi-ton de la note recherchée (Cf. Chapitre IV, Exemple n°1 : Do# assombri => Do détimbré (Sib 2). Dans le cas du micro-intervalle, l'immédiate proximité du son de départ entraîne une très faible altération.

Là encore la facture instrumentale répartit les clarinettes en deux groupes techniques : à anneaux ou à plateaux. Mis à part les endroits où le clétage rend impossible l'utilisation d'un doigté complexe, le système est cohérent. Pour créer un doigté micro-tonal, il suffit de partir du doigté de la note au ½ ton supérieur et de l'abaisser en agissant sur la zone de son "chuchoté" entre le pavillon et le doigté de départ. On obtient de cette manière une  justesse relative très acceptable. Comme pour les détimbrés, la zone de dépression créée par la structure complexe est réduite et la forme des doigtés obtenus peut être exploitée pour  produire des sons multiples stables.


§5 CONCLUSION

Le détimbré et le micro-intervalle fonctionnent sur le même principe de production et la structure complexe utilisée peut servir de base d'étude pour établir les règles de  combinaison multiphonique. En effet, les doigtés complexes de ce type, en forçant la  poussée physiasmique, peuvent produire, en fonction de leurs formes, des sons multiples stables ou de forte densité.

On pourra déduire :

- 1) du comportement du détimbré, les règles de rapport dynamique, d'émission, de justesse des notes inférieures des multiphoniques;

- 2) du comportement des micro-intervalles, les règles de fonctionnement des éléments intermédiaires des sons multiples.

[On trouvera les tableaux des ¼ tons en fin d'ouvrage avec les tableaux des  différents multiphoniques.]

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